Gérer l’excitation pendant les séances de dressage

Imaginez : vous préparez une séance de dressage avec votre cheval, plein d’enthousiasme pour perfectionner le rassembler. Mais dès que vous montez, votre cheval devient tendu, exprimant une excitation qui compromet la séance. Il piaffe sur place, refuse de se concentrer et semble plus préoccupé par son environnement que par vos instructions. Cette situation, frustrante pour le cavalier et inconfortable pour le cheval, est un défi courant lors du dressage équin. La gestion de l’excitation est cruciale pour le progrès et le bien-être du cheval.

L’excitation excessive perturbe significativement l’apprentissage du cheval. L’animal est incapable de se concentrer sur les exercices de dressage, rendant difficile la progression dans les différentes figures et allures. Heureusement, il existe des approches douces et respectueuses, issues de la méthode naturelle et de l’éthologie, pour aider votre cheval à retrouver le calme et la concentration. Ces techniques de dressage naturel mettent l’accent sur la compréhension du comportement équin et l’utilisation du renforcement positif pour créer une relation harmonieuse et améliorer les performances.

Comprendre l’excitation : les racines du problème

L’excitation chez le cheval n’est pas un simple caprice ou un manque de volonté. Elle a des racines profondes qui peuvent être physiologiques, psychologiques, ou liées à la communication entre le cheval et le cavalier lors des séances de dressage. Comprendre ces facteurs sous-jacents est crucial pour adopter une approche de dressage éthologique efficace et durable, favorisant le bien-être animal.

Facteurs physiologiques

Le stress est un facteur physiologique majeur contribuant à l’excitation du cheval. Un environnement nouveau et inconnu, une douleur physique, même légère (par exemple, une selle mal ajustée), ou une mauvaise expérience passée (comme un transport traumatisant) peuvent induire un état de stress chez le cheval. Cela se manifeste par de l’agitation, une incapacité à se concentrer sur le dressage, et une sensibilité accrue aux stimuli extérieurs. Imaginez un cheval transporté dans un nouveau centre équestre, séparé de ses congénères habituels et confronté à un environnement bruyant : son niveau de stress initial sera probablement élevé, entravant son dressage.

Les niveaux d’énergie jouent également un rôle important dans la gestion de l’excitation. Un cheval nourri avec une ration trop riche en énergie, notamment en céréales, par rapport à son niveau d’activité physique, aura plus de mal à rester calme et concentré pendant le dressage. A contrario, un cheval sous-alimenté peut aussi être stressé et donc excité, cherchant constamment de la nourriture. Il est important de considérer que, en moyenne, un cheval adulte a besoin d’environ 1.5 à 2 kg de foin par 100 kg de poids vif quotidiennement, soit environ 10 à 14 kg pour un cheval de 600 à 700 kg. Une alimentation équilibrée est essentielle pour un dressage réussi.

Les hormones, notamment l’adrénaline et le cortisol, sont des messagers chimiques qui préparent le corps à l’action ou à la fuite. Lors d’une situation de stress ou de peur, la production d’adrénaline augmente, entraînant une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la tension musculaire et une diminution de la capacité de concentration, ce qui rend le dressage difficile. Le cortisol, l’hormone du stress chronique, peut également affecter le comportement du cheval à long terme. La nature, avec ses mécanismes de survie ancestraux, est directement impliquée dans ces réactions.

Pour évaluer les potentiels facteurs physiologiques contribuant à l’excitation de votre cheval pendant le dressage, posez-vous ces questions : Votre cheval est-il souvent stressé dans un nouvel environnement ? A-t-il des antécédents de douleurs chroniques (arthrose, problèmes de dos) ? Sa ration alimentaire est-elle adaptée à son niveau d’activité et à son métabolisme ? Observer attentivement votre cheval, surveiller son état général et consulter un vétérinaire et un nutritionniste équin sont des étapes essentielles pour identifier et traiter les problèmes sous-jacents, favorisant ainsi un dressage serein.

Facteurs psychologiques

La peur est une émotion puissante qui peut déclencher une réaction d’excitation chez le cheval, compromettant toute séance de dressage. La peur d’un objet inconnu (une bâche qui claque au vent), d’un mouvement brusque (un cavalier qui se penche trop en avant), ou même d’un son inhabituel (le bruit d’un tracteur) peut provoquer une réaction de fuite ou de défense, rendant impossible toute forme de dressage constructif. Un simple parapluie ouvert de manière inattendue peut suffire à effrayer un cheval sensible et compromettre son dressage.

La frustration est une autre source fréquente d’excitation chez le cheval. Un manque de compréhension des demandes du cavalier (aides imprécises ou contradictoires), des aides incohérentes (tirer sur les rênes tout en poussant avec les jambes), ou un entraînement trop rapide (demander un exercice trop difficile) peuvent générer de la frustration chez le cheval, le conduisant à se cabrer, à refuser d’avancer, ou à adopter d’autres comportements d’évitement. Un cheval à qui on demande un rassembler alors qu’il ne maîtrise pas les bases de l’équilibre et de la propulsion peut se sentir frustré et réagir négativement, bloquant sa progression en dressage.

L’ennui, paradoxalement, peut également être une source d’excitation. Un cheval confiné dans un box pendant de longues heures, sans stimulation mentale ni interaction sociale avec d’autres chevaux, peut développer des comportements répétitifs (tic à l’appui, tic à l’ours) et agités, qui se traduisent par une excitation accrue lors des séances de dressage. Un cheval qui passe 22 heures par jour dans un box de 3m x 3m sans sorties régulières au paddock ou en extérieur peut exprimer son ennui par une excitation excessive, des ruades et des refus de coopérer lors des séances de dressage.

Essayez cet exercice de “détection des peurs”: observez attentivement les réactions de votre cheval lors de séances de dressage. Notez précisément les stimuli qui déclenchent la peur (objets, sons, mouvements, odeurs). Évaluez l’intensité de sa réaction sur une échelle de 1 à 10. Cela vous permettra de mieux comprendre les sources de son anxiété et d’adapter votre approche en conséquence, en utilisant des techniques de désensibilisation et de contre-conditionnement.

Facteurs liés à la communication

Les aides du cavalier (rênes, jambes, assiette, voix) sont les moyens par lesquels le cavalier communique ses intentions au cheval. Des aides imprécises (une jambe qui serre de manière irrégulière), contradictoires (tirer sur les rênes tout en demandant d’avancer) ou trop fortes (une pression excessive des jambes) peuvent générer de la confusion et de l’excitation chez le cheval. Un cavalier débutant qui manque de coordination dans ses aides envoie un message ambigu au cheval, perturbant sa concentration et son dressage.

Un manque de clarté dans la communication est également problématique et peut mener à de l’excitation. Le cheval a besoin de comprendre clairement ce qu’on attend de lui. Des demandes ambiguës ou mal expliquées, un manque de cohérence dans les aides, peuvent générer de l’anxiété et de l’excitation. Par exemple, demander une transition du trot au pas sans indiquer clairement le moment précis ou le type de transition (progressive ou abrupte) peut créer de la confusion et de l’appréhension.

Prenons un exemple concret: un cavalier tire fortement sur la rêne intérieure pour demander une flexion tout en inclinant son corps vers l’extérieur du cercle. Le cheval, tiraillé entre la demande de flexion (rêne intérieure) et la contrainte physique (corps du cavalier), risque de se sentir désorienté, incompris et de réagir par de l’excitation, une résistance, ou un refus d’avancer. Une communication claire et cohérente est la base d’un dressage réussi et harmonieux.

Reconnaître les signes d’excitation : décrypter le langage du cheval

Avant que l’excitation ne devienne incontrôlable et ne compromette la séance de dressage, le cheval envoie des signaux d’alerte subtils. Apprendre à reconnaître ces signes précoces permet d’intervenir rapidement, de désamorcer la situation et d’éviter une escalade de la tension, en adaptant l’exercice ou en proposant une pause. L’observation attentive du langage corporel du cheval est essentielle pour un dressage respectueux et efficace.

Signaux précoces

  • Tensions musculaires : Premiers signes d’excitation, souvent visibles au niveau de la mâchoire, de l’encolure et du dos.
  • Respiration accélérée : Indique un état d’alerte. Comptez les respirations par minute (8 à 16 au repos).
  • Mouvements des oreilles : Oreilles nerveuses signalent inquiétude ou excitation.
  • Observation des yeux : Un regard fixe ou le blanc de l’œil visible sont des signes d’excitation.
  • Queue : Une queue fouettant l’air de manière excessive peut indiquer de l’irritation ou de la frustration.

Les tensions musculaires sont souvent les premiers signes d’excitation. Elles sont particulièrement visibles au niveau de la mâchoire (cheval qui serre les dents, qui grince), de l’encolure (muscles contractés, raideur) et du dos (creusement, tensions). Un cheval qui serre les dents, contracte les muscles de son encolure, ou creuse son dos est probablement en état d’alerte et ressent une certaine appréhension. La simple observation et palpation de ces zones clés du corps du cheval peut révéler beaucoup sur son état émotionnel et son niveau de stress.

Une respiration accélérée est un autre indicateur important d’excitation. Un cheval calme respire de manière régulière et profonde. Une respiration rapide et superficielle peut signaler un début d’excitation, de peur ou de stress. Comptez le nombre de respirations par minute (environ 8 à 16 au repos) pour avoir une référence et détecter toute anomalie. Une augmentation de plus de 20% du rythme respiratoire peut indiquer une excitation à prendre en compte.

Les mouvements des oreilles peuvent également révéler l’état émotionnel du cheval. Des oreilles attentivement pointées vers l’avant indiquent une vigilance normale et une écoute attentive. Des oreilles qui bougent nerveusement dans tous les sens, qui pivotent rapidement, peuvent signaler une inquiétude, une excitation, ou une distraction. Des oreilles plaquées en arrière peuvent indiquer une irritation, une agressivité, ou un inconfort. Un cheval qui a les oreilles en arrière pendant le pansage peut indiquer une sensibilité à cet endroit.

L’observation des yeux est cruciale pour détecter les signes précoces d’excitation. Un regard fixe, le blanc de l’œil visible (sclérotique apparente), ou des yeux qui semblent “écarquillés” sont des signes d’excitation, de peur, ou de stress. Un cheval calme a généralement un regard doux, détendu, et cligne régulièrement des yeux.

Signaux avancés

  • Piaffer sur place : Signale une excitation accrue et une difficulté à se contenir.
  • Refus d’avancer : Peur, frustration, ou manque de confiance peuvent causer ce refus.
  • Comportements d’évitement : Cabrades, écarts, ou tentatives de désarçonner indiquent une perte de contrôle.
  • Sudation excessive : Indique un stress important, surtout sans effort intense ou température élevée.
  • Mors : Mâchonnements excessifs ou jeu excessif avec le mors.
  • Bruits : Hénnissements excessifs ou soufflements bruyants.

Le piaffer sur place, ou trépignement excessif des antérieurs, est un signal d’excitation plus avancé. Il peut s’agir d’un léger trépignement des antérieurs ou d’un véritable piaffer sur place, avec des antérieurs levés haut, une tension générale du corps et un manque de contrôle. Plus l’intensité du piaffer est élevée, plus le niveau d’excitation et de stress est important, et plus il est urgent d’intervenir.

Le refus d’avancer (cheval qui se bloque, qui recule, qui se déporte latéralement) peut également être une manifestation d’excitation. Il peut être lié à la peur (d’un obstacle, d’un bruit), à la frustration (face à une demande incomprise), ou à un manque de confiance (en le cavalier, en lui-même). Le refus d’avancer peut être un signe avant-coureur d’une réaction plus intense.

Les comportements d’évitement sont des stratégies utilisées par le cheval pour éviter une situation qu’il perçoit comme menaçante ou désagréable. Il peut se cabrer (se lever sur les postérieurs), se déporter brusquement sur le côté (faire un écart), faire des ruades (envoyer les postérieurs vers l’arrière), ou même tenter de désarçonner le cavalier (en se cabrant ou en faisant des écarts violents). Ces comportements indiquent un niveau d’excitation très élevé et une perte de contrôle potentielle.

Une sudation excessive, en l’absence d’un effort physique intense ou d’une température ambiante élevée, peut être un signe de stress et d’excitation. La transpiration est un mécanisme naturel de régulation thermique, mais elle est aussi activée par le système nerveux en réponse à un stress important. La présence de mousse blanche au niveau du passage de sangle ou de la tête peut indiquer un stress intense.

Techniques naturelles pour gérer l’excitation

La méthode naturelle et l’éthologie proposent des techniques douces, progressives et respectueuses du bien-être animal pour aider le cheval à retrouver le calme, la concentration et la confiance en lui, pendant les séances de dressage. Ces techniques visent à agir sur les causes profondes de l’excitation, plutôt que de simplement masquer les symptômes avec des artifices ou des contraintes.

Gestion de l’environnement

Sécuriser l’environnement de dressage est primordial. Supprimer les distractions visuelles et sonores (objets qui bougent avec le vent, bruits soudains de machines agricoles), habituer progressivement le cheval aux nouveaux objets (en les présentant de manière positive et progressive), et s’assurer que le terrain est sûr (sans trous, sans bosses, sans objets dangereux) et adapté au travail (surface plane et non glissante) sont des mesures essentielles pour minimiser le stress et favoriser la concentration du cheval. Un terrain irrégulier, par exemple, peut être source de stress, d’inconfort physique et d’excitation.

Le travail en liberté, sans mors ni rênes, peut aider le cheval à se détendre, à exprimer ses émotions et à gagner en confiance en lui et en son cavalier. Le laisser évoluer librement dans un espace sécurisé (un rond de longe ou une carrière), sans contrainte physique, lui permet d’explorer l’environnement, de se défouler et de se familiariser avec les lieux. On peut ensuite l’inciter à réaliser des exercices simples (déplacements latéraux, cercles, transitions), en utilisant le langage corporel (posture, gestes, direction du regard) et le renforcement positif (friandises, caresses, mots d’encouragement). Le travail en liberté renforce la relation de confiance entre le cheval et le cavalier, favorisant un dressage plus harmonieux.

Voici une “check-list” des éléments à vérifier attentivement dans l’environnement de dressage pour minimiser les sources d’excitation et favoriser le calme et la concentration du cheval:

  • Le terrain est-il plat, uniforme, et non glissant ?
  • Y a-t-il des objets potentiellement effrayants pour le cheval (bâches qui claquent au vent, cônes de signalisation, ballons) ?
  • Les bruits environnants sont-ils maîtrisables (présence de voitures, passage de tracteurs, aboiements de chiens) ?
  • L’environnement est-il familier au cheval ou s’agit-il d’un nouvel endroit inconnu et potentiellement stressant ?
  • La présence d’autres chevaux ou d’autres personnes dans l’environnement est-elle susceptible de distraire le cheval ?

Techniques de relaxation

Les massages et les étirements sont d’excellents moyens de détendre les muscles tendus, de réduire le stress et d’améliorer la souplesse chez le cheval, favorisant ainsi un état de calme et de bien-être propice au dressage. Des massages doux et circulaires au niveau de l’encolure, du dos, des épaules et des cuisses peuvent aider à relâcher les tensions musculaires et à améliorer la circulation sanguine. Des étirements doux, réalisés avec précaution et dans le respect des limites du cheval, peuvent améliorer la souplesse articulaire et réduire la raideur musculaire. La durée idéale d’une séance de massage et d’étirements est d’environ 15 à 20 minutes, en observant attentivement les réactions du cheval et en adaptant la pression et l’intensité des gestes.

Des exercices de respiration simples et des techniques de relaxation peuvent également aider le cheval à se calmer et à diminuer son niveau d’excitation. On peut encourager le cheval à prendre des respirations profondes et lentes en massant doucement son diaphragme (situé sous le ventre, au niveau du passage de sangle) ou en lui présentant une odeur agréable et apaisante (quelques gouttes d’huile essentielle de lavande sur un chiffon, par exemple). Le rythme respiratoire du cheval peut diminuer de 2 à 3 respirations par minute grâce à ces techniques de relaxation, favorisant un état de calme et de concentration.

Les pauses actives, avec des moments de détente, de relaxation et de grattage, sont essentielles pour prévenir l’accumulation de stress et d’excitation pendant les séances de dressage. Accorder au cheval quelques minutes de repos toutes les 15 à 20 minutes de travail, lui permettant de se détendre, de brouter de l’herbe, de se gratter contre un arbre, ou d’être gratouillé par son cavalier, permet de maintenir son niveau de concentration, de réduire le risque d’excitation et de renforcer le lien de confiance entre le cheval et le cavalier. Les zones préférées du cheval pour le grattage sont souvent le garrot, la base de la crinière, et le haut de la croupe.

Un enchaînement simple et efficace de massages et d’étirements à réaliser avant et après les séances de dressage pourrait être le suivant : Commencer par des massages doux et circulaires sur l’encolure et les épaules (5 minutes), en insistant sur les zones de tension. Puis, réaliser des étirements latéraux de l’encolure (5 répétitions de chaque côté), en douceur et sans forcer. Terminer par des massages doux et relaxants sur le dos (5 minutes), en suivant les muscles longitudinaux. N’oubliez pas de toujours observer attentivement les réactions du cheval, d’adapter vos gestes en conséquence et de cesser immédiatement tout exercice qui lui provoquerait de l’inconfort.

Communication claire et cohérente

Affiner les aides du cavalier est crucial pour une communication claire et respectueuse avec le cheval. Utiliser des aides légères, précises, subtiles et cohérentes, en accord avec le niveau de sensibilité du cheval, permet d’éviter la confusion, l’incompréhension et l’excitation. Il est important de se rappeler qu’une aide doit être une information claire et informative, et non une contrainte physique brutale et douloureuse. La pression de la jambe, par exemple, doit être légère et progressive, permettant au cheval de comprendre ce qu’on attend de lui.

Le renforcement positif est un outil puissant et respectueux pour encourager les bons comportements, renforcer les apprentissages et réduire l’excitation chez le cheval. Récompenser le cheval (avec des friandises, des caresses, des mots d’encouragement, un relâchement de la pression) lorsqu’il répond correctement à une demande, lorsqu’il réalise un exercice avec calme et précision, renforce son apprentissage, crée une association positive avec le travail, et favorise un état de bien-être émotionnel. Il est important de récompenser le bon comportement immédiatement après sa réalisation, dans les 3 secondes idéalement, pour que le cheval puisse associer clairement la récompense à son action.

La gradualité et la progressivité sont essentielles pour un dressage réussi et respectueux du bien-être du cheval. Progresser étape par étape, en décomposant les exercices en petites séquences, en respectant le rythme d’apprentissage du cheval, permet d’éviter la frustration, l’incompréhension et l’excitation. Ne pas chercher à brûler les étapes et s’assurer que le cheval a bien assimilé les bases de l’équilibre, de la propulsion et de la direction avant de passer à des exercices plus complexes. Augmenter la difficulté des exercices de seulement 10 à 15% par séance est une bonne règle générale pour éviter de surcharger le cheval et de provoquer de l’excitation.

Essayez cet exercice de “feedback visuel” pour évaluer votre communication avec le cheval: filmez-vous pendant une séance de dressage et analysez attentivement vos aides. Observez si vos aides sont claires, précises, cohérentes et discrètes. Identifiez les points à améliorer (posture, coordination, dosage des aides) et demandez l’avis d’un instructeur compétent et respectueux du bien-être animal. L’analyse vidéo révèle souvent des défauts de posture ou d’aides insoupçonnés, qui peuvent perturber le cheval et provoquer de l’excitation.

Désensibilisation

La désensibilisation est une technique d’apprentissage qui consiste à habituer progressivement le cheval à un stimulus (un objet, un bruit, une situation) qui provoque de l’excitation, de la peur ou du stress. On présente le stimulus au cheval de manière progressive et contrôlée, en commençant par une faible intensité et en augmentant progressivement au fur et à mesure que le cheval s’habitue et montre des signes de calme et de détente. On récompense le cheval lorsqu’il reste calme et détendu en présence du stimulus, renforçant ainsi son apprentissage. La désensibilisation à une bâche qui claque au vent, par exemple, peut prendre plusieurs jours ou semaines, en commençant par présenter la bâche immobile et en l’agitant progressivement.

Le contre-conditionnement est une autre technique d’apprentissage qui consiste à associer un stimulus redouté ou aversif à une expérience positive et agréable, comme la nourriture. On présente le stimulus (par exemple, le bruit d’un spray) et on donne immédiatement une friandise appétissante au cheval. Au fil du temps, le cheval associera le stimulus (le bruit du spray) à la récompense (la friandise) et perdra progressivement sa peur et son appréhension. Le ratio idéal est d’environ 3 à 5 récompenses pour chaque présentation du stimulus.

Voici un plan de désensibilisation étape par étape pour un stimulus courant: un spray anti-insectes.

  • Étape 1 : Présenter le flacon de spray au cheval, à une distance d’environ 5 mètres, en le laissant l’examiner et le sentir.
  • Étape 2 : Rapprocher progressivement le flacon du cheval (jusqu’à environ 1 mètre), en observant attentivement ses réactions.
  • Étape 3 : Vaporiser le spray dans l’air, loin du cheval, en l’habituant au bruit.
  • Étape 4 : Vaporiser le spray sur un chiffon doux et le frotter délicatement sur le cheval (commencer par une petite zone peu sensible, comme l’épaule), en observant ses réactions.
  • Étape 5 : Vaporiser le spray directement sur le cheval (en évitant les yeux, les oreilles et les naseaux), en commençant par une petite quantité et en augmentant progressivement.

Récompenser le cheval avec une friandise ou une caresse à chaque étape s’il reste calme, détendu et coopératif.

Adaptation et individualisation : le cheval au centre de l’apprentissage

Il est essentiel d’adapter les techniques de gestion de l’excitation aux besoins spécifiques, à la personnalité unique et à l’histoire individuelle de chaque cheval. Chaque cheval est un individu unique, avec son propre tempérament, ses propres peurs, ses propres sensibilités et ses propres expériences passées. Ce qui fonctionne parfaitement pour un cheval peut ne pas fonctionner du tout pour un autre, ou même être contre-productif.

Observer attentivement votre cheval, apprendre à connaître son langage corporel, prendre en compte son histoire (ses expériences positives et négatives), son tempérament (nerveux, calme, craintif), et ses réactions face aux différents stimuli, vous permettra d’ajuster votre approche, de choisir les techniques les plus appropriées, et de trouver les solutions les plus adaptées à ses besoins individuels. Il n’y a pas de recette miracle, mais une adaptation constante et une remise en question permanente.

Méfiez-vous des méthodes de dressage “universelles” et standardisées qui ne tiennent pas compte de l’individualité de chaque animal et qui prétendent s’appliquer à tous les chevaux, quels que soient leur tempérament, leur histoire et leurs besoins. Ces méthodes peuvent être contre-productives, voire même néfastes pour le bien-être du cheval, en ignorant ses signaux de stress et en le forçant à se soumettre par la contrainte. Il est important de privilégier une approche personnalisée, respectueuse et basée sur la compréhension du cheval.

Si vous rencontrez des difficultés persistantes pour gérer l’excitation de votre cheval, si vous vous sentez dépassé par la situation, ou si vous avez l’impression de ne pas progresser, n’hésitez pas à demander l’aide d’un professionnel qualifié (éthologue, instructeur en méthode naturelle, comportementaliste équin). Un professionnel expérimenté pourra vous aider à identifier les causes profondes de l’excitation, à évaluer le tempérament du cheval, à analyser votre communication, et à mettre en place un plan d’action personnalisé, adapté à vos besoins et à ceux de votre cheval. Le coût d’une consultation avec un professionnel compétent peut varier entre 50 et 150 euros de l’heure, mais cet investissement peut s’avérer précieux pour améliorer votre relation avec votre cheval et progresser en dressage.

La patience, l’empathie, la compréhension, le respect du cheval et la bienveillance sont les clés d’une relation harmonieuse et d’un dressage réussi, basé sur la confiance mutuelle et le plaisir partagé. En prenant le temps de comprendre votre cheval, en écoutant ses signaux, en respectant ses limites, et en utilisant des techniques douces, progressives et respectueuses de son bien-être physique et émotionnel, vous pourrez l’aider à retrouver le calme, la concentration, la confiance en lui, et à progresser dans son apprentissage, tout en renforçant le lien unique qui vous unit à lui. La relation que vous construirez avec votre cheval sera d’autant plus forte, profonde et enrichissante.

Plan du site